Certains d’entre vous ont peut-être pu apercevoir une baisse des températures depuis quelques semaines. C’est donc le moment parfait pour vous parler des contraintes thermiques au travail et notamment : DU FROID ! Comment le corps réagit au froid ? Quelles peuvent être les conséquences du froid sur l’organisme et comment cela se traduit ? Quelques questions auxquelles nous tentons de répondre ici.
Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut savoir que l’organisme est une belle machine qui va tenter coûte que coûte de préserver son homéothermie : zone thermique dans laquelle le corps garantit un fonctionnement optimal de ses performances et de ses principales fonctions. Cela signifie qu’il va tout faire pour maintenir une température interne idéale malgré les fluctuations thermiques externes dues à l’environnement ou à l’activité physique. Mais cette préservation n’est pas sans risques. Cela entraine un ensemble de réactions physiologiques qui ont pour but (dans un climat froid) de lutter contre le refroidissement élevé du corps.
Entre 35°C et 28°C de température interne, la principale réaction provoquée par le froid sur l’organisme est la vasoconstriction conduisant à une ischémie partielle (difficulté du sang à circuler). Cet effet direct entraine une diminution de la nutrition des tissus sollicités (muscles et tendons) ce qui réduit la capacité aérobie de travail musculaire et baisse la production de la force musculaire de 2 à 4% par degré de température (musculaire) perdue. Cela a pour conséquence une fatigabilité musculaire sensibilisant plus – à priori – la chaine musculaire cervicale. On constate également une augmentation de la viscosité des tissus ainsi qu’une élévation du tonus musculaire se traduisant par une mobilité articulaire difficile, des frissons et une accentuation des frottements internes durant les mouvements.
Entre 25°C et 28°C de température interne, la rigidité musculaire disparaît mais l’état d’hypothermie corporelle réduit l’activité du système nerveux central engendrant une ataxie (manque de coordination des mouvements volontaires) et des perturbations comportementales.
À environ 25°C de température interne, le risque de mort par fibrillation ventriculaire est imminent.
En-dessous de 24°C de température cutanée du dos de la main, on observe une diminution de la dextérité affectant surtout les extrémités (mains, pieds, nez). A ce moment, le corps effectue une alternance de vasodilatation-constriction (hunting reaction) afin de signaler un problème. Cet effet est accru par le contact de la peau avec des outils, des machines ou des objets dont la température en surface est en-dessous de 0°C.
Les conséquences du froid dépendent des protections (collectives et individuelles) mises en place ainsi que de la durée d’exposition allant de quelques secondes avec l’apparition d’apnées ventilatoires, une hyperventilation et des modifications cardio-vasculaires à quelques minutes avec une détérioration de la coordination neuromusculaire et de la performance mentale et physique.
Pour connaître les risques liés à votre activité, il est important de connaître certains facteurs tels que : la température de l’air ambiant, la température interne et cutanée moyenne de la main, la présence de gelures ou encore la durée d’exposition. Ce sont tous ces critères qui vont permettre la mise en place de dispositifs de prévention adéquats à chaque activité et à chaque situation.
*Ergonomie et prévention des risques professionnels (tome 1 et 2)