L’objectif de cet article est d’évoquer les problématiques rencontrées en milieu médico-social, de comprendre les enjeux des facteurs sources de pénibilité, et l’importance de se pencher sur la globalité des conditions de travail qui peuvent varier dans un même milieu.
Les maux de dos sont la première cause d’arrêt de travail des soignants. Il y a donc une certaine pénibilité physique qui se dégage de ce métier. Ce sont souvent des douleurs continues invalidantes pour la réalisation de l’activité professionnelle. C’est pourquoi, des améliorations sont apportées concernant la manutention des patients lors des soins : lits à hauteur variable, formations « gestes et postures », etc. Ces dernières sont souvent reconnues comme inefficaces car leur mise en application est parfois difficile. En effet, les maux persistent malgré ces formations à cause de l’importance de la pénibilité des postures indépendamment de la manutention. Il ne faut donc pas uniquement agir sur les techniques de manutention des patients pour réduire les maux de dos mais avoir une approche globale de l’activité des soignants prenant en compte tous les paramètres de leur situation de travail (qualité des sols, vêtements, aménagement de l’espace, horaires de nuit, organisation des tâches, éclairage, température…). Ajouté à cela, les dépenses énergétiques importantes amplifient la fatigue et augmentent le risque de développer des maux et des maladies professionnelles.
Il est important de noter que les maux de dos ne sont pas les seuls troubles rencontrés : les épaules, les cervicales et les genoux, ainsi que d’autres pathologies physiologiques peuvent être développées suite à des postures maintenues.
Dans le cas des soignants, l’aspect psychologique et mental entrent aussi en compte à plusieurs niveaux. La liste ci-dessous est issue d’études, de témoignages et de retours d’expérience.
La charge mentale
- Au vu des connaissances spécifiques, des protocoles souvent mis à jour, et des tâches spontanées qu’il faut réaliser, il est nécessaire de mettre en place des stratégies pour éviter les erreurs et potentiels oublis.
- La partie administrative (référencement des patients, suivi et informatisation des tâches…) augmente la charge de travail et diminue les marges de manœuvre, à cause de problèmes informatiques, d’ergonomie des logiciels…
- Les imprévus et aléas du quotidien augmentent considérablement la charge de travail du personnel soignant. Ces derniers peuvent également être source de stress puisque dans certains services hospitaliers ou à domicile, des soins doivent être prodigués à des horaires précis et réguliers. Tout retard doit alors être géré et cela demande une réorganisation de la journée de travail pour le soignant. L’organisation est donc constamment repensée.
- La peur de l’erreur étant plus présente dans les métiers médico-sociaux – dû à la gravité des conséquences – l’aspect psychologique est davantage sollicitée et pouvant aller jusqu’à déclencher un état de nervosité élevé.
La charge psychologique et affective
- La confrontation à la maladie et à la mort développe le sentiment d’impuissance et de culpabilité. Il est parfois difficile de faire son deuil, notamment dans les services d’hospitalisation à domicile, où les soignants, qui sont en contact régulier avec les patients et leur environnement personnel, créent des liens plus facilement.
- La sensation de bien faire son travail et la satisfaction des patients sont des déterminants importants de l’estime de soi. Lorsque la qualité de soin ne peut être assurée, la souffrance s’installe autant pour le soigné que le soignant.
- Les soignants dans leur quotidien font face aux patients (avec leur agressivité et leurs violences verbales et physiques) ainsi qu’à leurs proches qui ont eux-mêmes leurs exigences, leurs inquiétudes, leurs incompréhensions et leurs peurs.
Ce qui ressort de ces exemples, est que la pénibilité physique n’est pas uniquement due à la manutention des patients, mais également à des postures contraignantes effectuées dans d’autres tâches. De plus, les charges mentales et psychologiques sont fortement présentes et ont des répercussions autant psychologiques que physiques.
Les formations du type « gestes et postures », sans prises en compte de la globalité des paramètres du terrain et des caractéristiques personnelles des salariés (douleurs déjà existantes, antécédents pathologiques comme des problèmes d’épaules ou des soucis de genoux), se montrent inefficaces car le personnel ne se projette pas dans les situations de travail, et ne se réapproprie pas les méthodes et outils présentés dans la partie théorique.
Lorsque nous agissons sur l’organisation, l’aménagement des espaces et des postes sont réfléchis pour améliorer les conditions de travail. De même nous sollicitons les équipes afin d’améliorer la cohésion et le soutien inter-personnel.
Il faut noter que l’activité est fortement différente selon le type de structure (EHPAD, hôpital, hospitalisation à domicile…) mais aussi au sein d’une même structure dans des services différents, (aides-soignants, infirmiers, cadres de santé…) ou encore dans des équipes différentes (de jour ou de nuit) engendrant, par conséquent, des problématiques différentes.