14 Mar
L’homme augmenté, travailleur de demain ?
« L’humanité a cherché de tout temps à s’améliorer. Dès les premières formes de civilisation, nous avons amélioré notre esprit grâce à l’éducation et la recherche du savoir, nos âmes grâce à la quête de la vérité spirituelle, et nos corps grâce à l’éradication de la maladie et de la faim. »
William Taggart, Deux Ex : Human Revolution
L’amélioration de nos corps ne s’arrête pas à la maladie ou à la faim.
L’Homme n’a de cesse d’utiliser sa créativité pour faire face à sa faiblesse envers l’environnement. C’est d’ailleurs pour se protéger de ce dernier, qu’il a créé les outils pour chasser/construire ainsi que confectionné des vêtements.
Vous ne voyez pas en quoi cela concerne l’ergonomie ? Et pourtant ne dit-on pas que l’ergonome doit adapter l’environnement à l’Homme ? Et dans le cas échéant ? Lorsque les protections collectives ne suffisent pas, les protections individuelles prennent le relais. C’est en cela que l’ergonomie semble dater de l’apparition de l’Homme.
Vient alors la notion de l’Homme augmenté. En tout temps, l’Homme a su accroître ses capacités en créant flèches et lances, tout d’abord avec des os ou des pierres, puis en métal. Il en est de même pour les vêtements qui, dans un premier temps servaient à se protéger des températures extrêmes, puis à protéger sa pudeur, et plus récemment l’utilisation militaire en a même fait une protection contre les balles ennemies. L’aspect militaire a été le premier à investir dans le développement de l’Homme. En effet, une des dernières améliorations apportées par l’armée est l’exosquelette (cf. notre actualité du 26 octobre 2015). Dans un premier temps, celui-ci avait pour but d’être porté par les soldats pour augmenter leur résistance à l’effort et gagner en performance. Vous allez dire qu’on ne fait pas ça pour le bien-être des soldats et que l’invention est totalement intéressée (par la supériorité que cela procure sur l’ennemi) … Certes, mais le résultat est là ! Et il a fallu prendre en compte les retours de l’utilisateur de l’outil pour l’optimiser dans le contexte militaire. Et nous retrouvons bien là, la méthode participative, base d’une intervention ergonomique.
L’invention ayant fait ses preuves sur le terrain, l’industrie s’en est emparée pour augmenter sa productivité tout en limitant les dommages causés sur les travailleurs. A ce jour, on cherche à la démocratiser (partiellement puisque tout le monde n’a pas un exosquelette à domicile) et palier certains handicaps. Pour ce faire, des tests sont actuellement réalisés afin de maintenir et/ou améliorer l’indépendance fonctionnelle lors de la marche chez des personnes ayant une mobilité réduite.
Cela nous amène au concept de l’Homme soigné.
Les guerres, causant beaucoup de dégâts humains, ont engendré par la suite de nombreux soins auprès de ceux qui ont donné leur vie pour leur nation. C’est pourquoi on retrouve de manière répandue des prothèses de membres qui sont d’ailleurs sans cesse améliorées pour le domaine du sport. Encore une fois, et comme nous pouvons le voir avec des athlètes de haut niveau, les ergonomes sont là pour faire en sorte que la fonctionnalité des outils soient au plus proche des attentes des utilisateurs (comme pour Marie-Amélie Le Fur dont nous vous parlions il y a peu de temps à propos de sa conférence à l’université d’Orléans : http://on.fb.me/1Wewmmd).
Dans la continuité de cela, nous avons tous pu suivre les dernières avancées en matière d’implants cardiaques, d’implants cochléaires (servant aux sourds et malentendants à retrouver l’ouïe) ou d’implants rétiniens (permettent aux malvoyants de retrouver la vue). Ces implants sont pour l’instant très limités – car en phase de test –, chers et très difficiles à mettre en place. Mais peut-être viendra le jour où ces implantations seront aussi naturelles que les opérations de l’appendicite.
Nous entrerions alors dans l’ère de l’Homme bionique.
Il est facile d’imaginer qu’étant donné les réussites chirurgicales actuelles, dans le futur, ce ne sera plus seulement la vue ou l’ouïe qui seront rendus, mais la marche et la course grâce à des implants de membres mécaniques par exemple. Qui dit mécanique, dit possibilité de puissance accrue. Si on revient au monde du travail, les handicapés d’aujourd’hui seront donc le must have des travailleurs de demain : l’exosquelette devenant complètement dépassé par les « Hommes bioniques » ! L’inconvénient de ces évolutions serait les dérives possibles : dans ce contexte, une amputation causée par un « accident » serait la bienvenue dans une recherche d’emploi. Avec ce détournement, nous n’adapterions plus l’environnement à l’Homme, mais l’inverse. Et ceci est bien le contraire de ce que nous recherchons en ergonomie.
Ne nous méprenons pas sur ce dernier paragraphe, il n’est que pure imagination de ce qui pourrait arriver si des améliorations telles que celles que nous pouvons voir sur petit et grand écran faisaient leur apparition. Ce n‘est en aucun cas une volonté ou une « prédiction » d’un futur plus ou moins proche