29 Mar
Le top 3 des idées reçues en ergonomie
Le TOP 3 des idées reçues en ergonomie !
1 : Ergonome ? « Ah oui je vois, vous faites tout ce qui est hauteur de bureau et réglages de la chaise ! »
Parfois nous avons envie de répondre : « Oui, j’ai fait quelques années d’études pour être ergonome, apprendre seulement ces deux choses-là. En Master 1 nous avons appris à se servir d’un mètre et l’examen de fin d’année portait sur une unique question :
Quelle est la hauteur parfaitement ergonomique d’un bureau ?
En Master 2… c’est un autre niveau bien entendu. Nous avons appris l’utilisation des manettes de réglage de la chaise. Une par trimestre… ! Maintenant on gère toutes les chaises ergonomiques ! »
Mais plus sérieusement, si nous ne répondons pas cela, c’est parce que nous savons que notre métier n’est pas très connu ! La discipline est relativement jeune et le métier l’est encore plus. Malheureusement, l’ergonomie, comme le design par exemple, est avant tout un mot très vendeur !
Qui dit ergonomique dit souvent confortable et pratique. Mais croyez-vous qu’un objet ergonomique le soit vraiment pour tout le monde ? (Indice : si tel était le cas il n’y aurait qu’un seul modèle de chaise, stylo ou bureau…vendu partout en un seul exemplaire !)
En conclusion, l’ergonomie est davantage une démarche pluridisciplinaire « complexe » qu’un simple adjectif qualifiant des réglages matériels. En effet, notre formation est composée de biomécanique, d’anatomie, de physiologie, mais aussi de psychologie, sociologie ou encore de communication. Retenez que l’ergonomie n’est pas que physique (et matérielle), elle est aussi cognitive et organisationnelle.
2 : L’ergonomie, c’est les gestes et postures ?!
Répondez « oui… MAIS PAS QUE ! (En théorie, si vous expliquez bien ce qu’est le travail d’un ergonome, il devra comprendre lui-même !)
Dans un sens, votre interlocuteur a raison, l’ergonome s’intéresse aux gestes et postures. En revanche, il ne préconise pas les « bons gestes » et les « bonnes postures ». Ces derniers n’existent pas ! Ou plutôt, ils sont différents dans chaque activité ainsi que pour chaque individu, et ne peuvent donc être une solution miracle à l’adaptation de l’Homme au travail (pour rappel en ergonomie, on essaye un peu de faire l’inverse…) !
En revanche, si l’on devait lister les principales composantes d’un mauvais geste, c’est celui qui par exemple (non exhaustif) :
- Est répété plusieurs fois sans pause,
- Nécessite un maintien (verrouillage articulaire/musculaire),
- Se réalise avec des amplitudes articulaires extrêmes.
Sous forme de conclusion simple, rapide, et surtout réalisable : variez autant que vous le pouvez vos gestes et postures. Créez du mouvement, vous allez ainsi varier les pressions et tensions sur les disques intervertébraux et autres tendons/nerfs. Réfléchissez aux gestes et postures les moins sollicitant pour votre travail. Enfin, prenez en compte que votre qualité de vie au travail ne dépend pas uniquement de votre posture au travail… ! Avec cela…vous gagnerez du temps… et resterez en bonne santé !
3 : En tant qu’ergonome, dites-moi quelle norme est à prendre en compte pour ce travail ?
Ah la norme… Nous pourrions en discuter plusieurs heures mais résumons : La norme rassure, la norme cadre, la norme certifie, la norme garantie… mais la norme est aussi restrictive et pas toujours adaptable. Pour la défense du comité de rédaction, imaginez-vous qu’il est possible de mettre en place un seul et unique règlement pour qualifier toutes les activités de travail existantes ? Impossible.
De nos jours, les normes proposent de plus en plus un cadre tout en orientant vers une analyse plus approfondie des situations particulières. Malheureusement, les normes ne peuvent souvent être comprises que par des experts et lecteurs avertis. Ce qui est retenu du lecteur novice, c’est « le tableau avec des zones vertes, jaunes et rouges », ou les chiffres définissant des « seuils » de difficulté.
Concluons : la norme est à prendre pour ce qu’elle est : un texte permettant d’éviter des grandes erreurs de conception, et parfois argumenter en faveur d’aménagements adaptés. En de bonnes mains, la norme est un outil utile.
Au final, si vous ne devez retenir qu’une seule chose en lisant cet article, c’est que l’ergonomie est une discipline scientifique récente, malheureusement très mal connue, et surtout que notre cœur de métier est l’analyse de l’activité humaine (recueil de données terrain, traitement et analyse des données, interprétations et préconisations en vue d’améliorer l’activité).
Là où il y a de l’activité humaine, une démarche ergonomique peut être appliquée.
4 commentaires
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Robin
Très bon article! J’aurais juste ajouter un petit commentaire dans la partie l’ergonomie c’est les gestes et postures que l’ergonomie c’est également la cognition et l’organisation dans le travail
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Debeaumont
Article très intéressant et enrichissant. Merci pour cet article très bien rédigé.
Bonne continuation