11 Avr
Conseils pratiques : Chariots de manutention
Aujourd’hui, si nous vous proposons un article un peu plus « pratique » sur le thème des chariots de manutention, c’est parce que nous avons remarqué qu’ils engendrent de nombreuses problématiques récurrentes au sein des structures, et ce, quel que soit leur domaine d’activité (métallurgie, médico-social, agroalimentaire, pharmaceutique, etc).
Alors, pour vous aiguiller un peu dans le cahier des charges de votre chariot adapté, voici quelques petits conseils (non exhaustifs bien entendu) :
1.La poignée
– Entre 90cm et 120cm (hauteur du coude), cela permet de conserver un certain alignement postural de la colonne vertébrale qui, avec ses courbures naturelles, est adaptée pour travailler de façon alignée. De plus, une hauteur adéquate limite l’éloignement du corps par rapport au chariot et favorise, par conséquent, une diminution de la force appliquée ;
– En retrait du chariot avec, au minimum, un dégagement de 6cm autour de la poignée, pour faciliter la préhension et éviter : de se coincer les doigts, de trébucher ou de heurter le chariot ;
– De forme cylindrique avec un diamètre compris entre 3cm et 4,5cm afin de facilité la prise palmaire à pleine main (prise la plus puissante) et favoriser la répartition des pressions sur l’ensemble de la main ;
– A la verticale (ou horizontale réglable en hauteur), cela permet aux opérateurs de tailles variées d’avoir une prise à hauteur adaptée et donc, plus confortable pour leur manutention ;
– Ajouter un revêtement en caoutchouc ou en éponge (si nécessaire) afin d’absorber petits chocs/vibrations et améliorer la manœuvrabilité ;
– La longueur ou l’espacement des poignées doit être supérieure à 20cm (largeur des deux mains) mais ne doit pas excéder 50cm (largeur d’épaule). Cette distance limite la flexion-abduction de l’épaule ainsi que l’extension-pronation du coude lors de la poussée et la flexion-supination du coude lors de la traction.
2.Le plateau
– Avec des angles et des bords arrondis afin d’éviter les chocs physiques et les accrochages contre le chariot ;
– S’il n’y a pas de superposition de charges et que les dimensions de celles-ci ne varient pas, optez pour une hauteur de plateau à niveau du plan de travail facilitant le glissement de la charge directement sur le chariot. Cela diminue les contraintes biomécaniques agissant sur le rachis et les membres supérieurs ;
– Si, dans le cas contraire, la hauteur des plans de travail et les dimensions des charges varient, préférez un plateau ajustable en hauteur afin d’optimiser la manutention (bien entendu, dans tous les cas, lorsque cela est possible, il est préférable de choisir un plateau réglable en hauteur car les opérateurs peuvent l’adapter à leur taille).
3.Les roues
– Choisir un bandage adapté au poids transporté et à l’état du sol :
* Un bandage mou et large augmente les forces de frottement au sol. Cela entraine une résistance accrue du chariot et l’opérateur doit exercer une force plus importante pour déplacer ce dernier. Cependant, l’absorption des chocs et vibrations est meilleure. C’est donc la matière à favoriser lorsque le sol a de nombreuses aspérités et que les charges transportées sont légères (ex : pneumatique) ;
* Un bandage trop dur absorbera moins les chocs et les vibrations dus aux aspérités que l’on peut retrouver sur les sols. Cela peut entrainer des problématiques de vibrations des membres supérieurs lors de la manutention provoquant des troubles au niveau de ces derniers. Cependant, le déplacement du chariot est facilité par la réduction des forces de frottement (ex : plastique polyamide ou polypropylène) ;
– La position et l’axe des roues dépendent de l’usage (détails sur des chariots à 4 roues) :
* 4 roues pivotantes (stabilité diminuée) : charges légères et rangements en espace restreint ;
* 2 roues fixes derrière + 2 roues pivotantes devant : charges légères et chariot court ;
* 2 roues fixes devant + 2 roues pivotantes derrière : charges lourdes et chariot long ;
* 1 roue pivotante devant + 1 derrière + 1 roue fixe à droite + 1 à gauche : charges lourdes et chariot long pour des espaces restreint ;
– Utiliser des roues de grand diamètre permet de réduire les forces exercées par l’opérateur au moment de la manutention ;
– Choisir un moyeu à billes pour faciliter le démarrage et, par conséquent, diminuer la force initiale appliquée sur le chariot par l’opérateur.
Avec cette liste, nous avons mis l’accent sur les 3 gros critères de sélection d’un chariot (poignée, plateau, roues) afin de vous donner des indications sur la conséquence physique que vont engendrer vos choix. Bien sûr, de nombreux autres facteurs sont à prendre en compte (comme l’environnement : pente, signalisation, zones de déplacements… ou l’organisation : méthode de manutention, charges…) et nous aurions pu aller encore plus loin dans le détail. Mais le but de l’article est davantage de vous orienter que de faire le choix pour vous ! Car, si l’ergonome est là pour vous conseiller, c’est bien à vous que revient la décision finale. Alors, avant tout investissement, évaluez (ou faite évaluer par un professionnel [ergonome]) vos besoins en fonction de votre activité et de vos marges de manœuvres !
Cet article fait suite à une intervention de terrain, appuyée par un travail d’analyse biomécanique (référence utilisée : « Biomécanique fonctionnelle : rappels anatomiques, stabilités, mobilités, contraintes », Pillu et Dufour, 2005) et de normes appliquées à cette problématique (ISO 11228-2:2007, NF X35-109).