30 Mai
L’homme et technologie : Lequel s’adapte à l’autre ?
« Vivre aujourd’hui, ce n’est plus vivre avec l’ordinateur en plus. C’est bien vivre dans l’univers des technologies, avec lesquelles il faut apprendre à composer, à s’organiser. La technologie n’est plus un simple outil au service de l’activité, c’est toute l’activité elle-même qui se trouve intriquée, articulée autour de ces technologies avec des reconfigurations et des ajustements majeurs »
Quoi de mieux pour commencer ce billet à propos de l’adaptation des technologies à l’Homme que cette citation de Marc-Eric Bobillier-Chaumon ?
En effet, vivre de nos jours, ce n’est plus posséder un ordinateur, un téléphone, ou autres appareils du genre. Dans notre culture occidentale, vivre aujourd’hui, c’est bel et bien avoir besoin de ces technologies et les intégrer partout. Un besoin créé par la société, certes, mais de plus en plus . La preuve en est dans ce sujet d’actualité : la déclaration des impôts en ligne s’instaure progressivement, jusqu’à être imposée à tous d’ici quelques années.
Maintenant que nous avons compris qu’il est inévitable (ou presque) de vivre avec la technologie, penchons-nous sur la question de son adaptation à l’Homme.
Le même auteur cité précédemment distingue 3 types de technologie :
- Supplétive, qui augmente les performances de l’Homme dans une reconnaissance mutuelle entre l’Homme et la technologie
- Substitutive, qui prend la place de l’Homme pour toutes ou parties de ses actions
- Palliative, qui compense les « faiblesses naturelles » de l’Homme
Cela tend à montrer que la technologie permet d’effectuer des activités que l’Homme ne peut ou ne veut plus faire. Pour que ce transfert des activités vers la technologie se fasse, il faut une confiance totale en ses capacités.
Prendriez-vous votre voiture si vous pensiez qu’à tout moment elle peut tomber en ruine ? La première adaptation de la technologie à l’Homme est d’avoir sa confiance. Si la défaillance est possible, elle ne doit pas être visible, et encore moins habituelle. Avez-vous déjà perdu une roue sur autoroute ? La réponse ordinaire est non ! Bien-sûr, même si vous perdiez un écrou de la jante, il en reste au moins 3 autres…. La technologie est le plus souvent développée avec sécurité et anticipation.
Maintenant que notre technologie a toute la confiance humaine, penchons-nous sur la cohabitation entre ces deux entités. On nous dit souvent que l’Homme ne devrait pas s’adapter à l’environnement. Mais l’Homme a toujours su s’adapter, c’est ce qui fait qu’il est encore en vie aujourd’hui. Et il y a bien une adaptation naturelle aux technologies : l’exemple le plus flagrant est celui de la caméra. On pourra répéter à une personne d’être « naturel » devant la caméra, le fait de savoir que nous sommes « vus » par un objectif change nos comportements. Nous exagérons ce que nous voulons montrer et tentons d’atténuer ce que nous voulons cacher. Il devient alors clair que l’Homme s’adapte à la technologie.
Si cela ne peut pas forcément être anticipé, il faut au moins le prendre en compte lors de la conception, d’où le fait d’effectuer des tests utilisateurs (UX : expérience utilisateur) pour adapter l’interface aux personnes qui s’en serviront. C’est à ce moment qu’une boucle itérative se met en place, les allers-retours entre terrain et conception s’enchainent : comprendre les besoins de l’utilisateur pour concevoir un outil adapté, retourner tester ces adaptations et les éventuelles déviances d’utilisation pour réajuster… et ainsi de suite pour que l’expérience soit la meilleure possible pour l’utilisateur.
Malgré tout, il y a toujours un temps d’adaptation à l’outil. Qui n’a jamais été perturbé par une première utilisation ? Quand nous changeons de téléphone, nous avons toujours besoin de quelques heures, voire quelques jours pour « s’y faire ». C’est pourquoi les tests utilisateurs doivent se faire sur une durée relativement longue, et pas seulement 5 minutes histoire de dire que l’outil a été testé en « conditions réelles ». Et c’est le travail de l’ergonome de « laisser le temps au temps » pour recueillir les informations dans l’usage d’outils, d’interfaces, ou autres objets, technologiques ou non, afin de faire ressortir les adaptations et points d’amélioration pour rendre l’utilisabilité optimale.
Pour conclure, Homme et technologies se co-construisent dans leurs interactions, et c’est d’autant plus vrai lorsque ces technologies mémorisent les réponses des utilisateurs. Nous tendons vers une expérience personnalisée à la preuve avec le chargement de nos « paramètre personnels » sur Windows, les téléphones avec un clavier intuitif nous proposant les mots utilisés fréquemment ou encore toutes autres applications qui retiennent vos préférences pour vous proposer du contenu qui vous plaira certainement !