11 Août
50 minutes InSitu : Une infirmière
Le principe du 50 minutes InSitu ? Mettre en avant le témoignage d’une personne à propos de son activité. Des corps de métier connus ou moins connus que l’on vous fait, en partie, découvrir à travers le regard d’une personne… Voilà le troisième 50 minutes InSitu !
Bonjour Nathalie, est-ce que tu peux nous faire un résumé de ton parcours pro ?
N : À partir du diplôme, j’ai travaillé deux mois aux Urgences, deux ans dans une clinique chirurgicale privée, après 22 ans aux Urgences, deux ans et demi à l’ARS et 7 ans dans une association.
Ton job du moment consiste à faire quoi ?
N : Coordination des soins, j’organise le suivi médical de mes résidents, je prends les rdv chez le médecin, je les accompagne, j’effectue des soins, je gère la pharmacie, et je gère l’organisation de la prise des traitements.
Je fais aussi de la prévention liée aux pratiques sexuelles. Au niveau du travail, ils ont souvent des douleurs, donc je les soigne, je leur donne des consignes et des conseils, surtout de se reposer.
Donc tu es infirmière, mais tu ne fais pas que ça ?
N : Je coordonne aussi dans un service où je travaille que quelques heures par semaine, j’ai un rôle d’information et de formation du personnel éducatif au suivi médical des résidents. Je leur donne des informations pour qu’ils soient capables de dépister certaines choses et me le rapporter.
Et il y a d’autres infirmières avec toi ?
N : Je suis toute seule sur mes services, mais j’ai une collègue sur d’autres services. Si tu veux où je travaille c’est une résidence où il y a plusieurs lieux d’hébergement.
Il y a le foyer de vie retraite, pour les personnes à la retraite ou qui ne peuvent plus travailler, ils sont entièrement pris en charge. Ça c’est le service de ma collègue. Elle a aussi l’EFP, ce sont des résidents qui travaillent et qui vivent en collectivité, dans des chambres.
Et moi je m’occupe du foyer appartement avec des résidents seuls en appartement, ils se font à manger et vont au travail tout seul.
Dans ton boulot, il y a des tâches répétitives un peu ?
N : Ha bah les piluliers, j’en avais une 40 aines à faire par semaine.
Et as tu eu des problèmes ?
N : Oui j’ai été opéré des deux pouces.
Si je te parle de risques professionnels, de maladies professionnelles, de TMS ça te dit quelque chose ?
N : Oui du coup avec mes pouces mais actuellement là j’ai plus mal, en même temps j’ai été opéré et je fais plus les piluliers. L’organisation a été changée, parce que ça nous prenait trop de temps.
Vous avez un intervenant ou une personne en interne qui fait de la sensibilisation ?
N : Pour ceux qui travaillent, les résidents, je pense que sur leurs lieux de travail ils ont des formations notamment sur le port de charge. Peut être la médecine du travail qui donne des consignes.
Et pour nous, normalement on a peu de résidents à porter. Il y en a qu’une, une résidente assez forte qui tombait souvent, on a eu plein d’arrêts de travail liés à ça. Mais après on a eu un lève malade et puis elle tombe moins maintenant. Sinon on appelle les pompiers.
Ça marche bien les lèves malades ?
N : Oui c’est bien, on s’en sert assez facilement. C’est notre directeur qui à force d’appeler les pompiers a acheté ça. C’est un outil, ça nous a aidé vraiment.
En rapport avec ton ancien boulot aux Urgences, c’était quoi le plus dur, la charge physique ou mentale ?
N : C’était mental et physique. Mental, parce que c’est un travail qui demande de la réflexion et de la rapidité dans l’action. Il faut réfléchir, agir rapidement et de façon adaptée. Éviter de commettre des erreurs de jugement. Et beaucoup d’agressions physiques et mentales, que ce soit des patients, des médecins, des professionnels.
Le rythme, la charge de travail demande à être éveillé tout le temps. Physiquement, c’est les horaires qui sont très compliqués et on a du mal à récupérer entre deux gardes. On travaille de nuit donc la journée c’est difficile. En 12 heures c’est compliqué de récupérer, quand tu fais une semaine de 5 nuits de 12 heures, lundi-mardi-mercredi-samedi-dimanche, après ça tu es carpette et tu retravailles le mercredi et jeudi de la semaine suivante.
Et puis tu pousses des brancards, tu soulèves des patients, tu te baisses beaucoup surtout au SMUR. C’est physique, tu portes ton matériel, tu peux être amené à passer aux dessus de barrières, à escalader, à monter dans les camions ou à passer sous une voiture. C’est physique quoi. Le SMUR c’est dur, tu travailles à 4 pattes et au sol la plupart du temps. C’est plus dur d’être au SMUR qu’au Urgences. Et puis quand tu n’es pas au SMUR, tu es aux Urgences donc bon. Physiquement c’est dur.
Vous êtes formé ?
N : Oui on a des formations de manutention, après moi j’en ai fais qu’une seule. Mais c’est pas les infirmières qui souffrent le plus, c’est plus les aides soignantes et les brancardiers.
Pourquoi es-tu partie ?
N : Plutôt pour la charge mentale, mais aussi physique parce que tu vieillis et ça devient insupportable et le repos aussi.
En comparaison avec ton boulot actuel, c’est quoi les différences ?
N : Mon boulot maintenant c’est tranquille, ça n’a rien à voir, c’est du tout à rien, aussi bien physiquement que mentalement. Y’a pas trop de surprise, une tous les trois ans.
Cette retranscription est le résultat d’un entretien d’une 50 aine de minutes. L’objectif de ce témoignage n’est pas de généraliser sur l’activité des infirmières … bien au contraire ! Dans ce cas, nous avons rencontré une professionnelle qui a du métier et qui en a vu de toutes les couleurs au travers de ses expériences. Le monde hospitalier est un monde à part, entre stress et douleur les professionnels de la santé sont constamment menés hors de leur zone de confort.