Pour cet article, nous voulions vous parler d’une étude que nous avons effectuée récemment. Il s’agissait d’évaluer les conditions de travail de quelqu’un de très particulier, présent depuis de nombreuses années mais très peu sollicité jusqu’ici. Pour des raisons évidentes d’anonymat nous l’appellerons dans la suite de l’article : Franck.
Une étude particulière
Des conditions de travail difficiles
Depuis la création de son poste, il était appelé en de rares occasions, lors d’accidents, pour encadrer les scènes le plus souvent. Il avait pour seul rôle de protéger ses collègues car, bien qu’il ne soit pas une lumière, il réfléchit et sécurise les zones de danger avec aisance.
En dehors de cela, il restait tapi dans l’ombre, en attendant de voir un jour se profiler un incident en bonne et due forme et ainsi mettre à profit ses capacités.
Il risquerait sa vie pour sauver un de ses confrères mais plutôt que de le mettre en valeur, on se contente de le laisser dans un coin. Son manque de travail aurait pu le faire sombrer dans le bore-out, phénomène dont nous vous parlions dans un précédent article et qui apparaît lorsqu’une personne s’ennuie dans son travail par manque d’activité.
Au lieu de ça, il a attendu sagement son heure de gloire et est maintenant présent sur le terrain et même mis en avant de manière très régulière.
Des risques psycho-sociaux aux risques d’accidents en tous genres
Sa mise en lumière a eu d’autres effets néfastes. En effet, il est passé du risque de Bore-out au risque de Burn-out avec ses heures supplémentaires non rémunérées, un travail en 5×8 qui peut donc être de nuit et le week-end et surtout une exposition permanente aux fournisseurs et clients qui ne lui laissent aucun moment de pause. Ce qui nous a fait réagir, c’est que ce risque de Burn-out est presque anecdotique comparé aux autres risques en tous genres auxquels Franck est exposé.
Avec une activité en extérieur, il subit les aléas climatiques. Lors de nos observations courant décembre, il était particulièrement exposé au froid et aux fumés de palettes enflammées mais qu’on se le dise, il ne manquera pas de souffrir de la chaleur en été. A moins que son heure de gloire prenne fin avant cela…
A cela s’ajoute le risque de chute de hauteur puisqu’il peut travailler jusqu’à 10 mètres de haut, sur les lampadaires, sur les ponts d’autoroute ou d’autres emplacements à plusieurs mètres du sol. Les chutes de hauteur représentent la troisième cause d’accident du travail avec ou sans incapacité et plus de 10% des accidents de travail. Cette problématique doit donc être prise en considération lors de l’évaluation des risques de Franck.
Et lorsqu’il se déplace sur ses lieux d’intervention, il le fait souvent en voiture ou en camion. Il est donc exposé au risque routier. Celui-ci, bien qu’il représente seulement 3% des accidents du travail, implique 20% des accidents mortels au travail. Il ne faut pas oublier que les trajets font partie du temps de travail et qu’il faut par conséquent prendre en compte ce temps dans l’activité des salariés, mais aussi les sensibiliser aux consignes de sécurité sur la route.
« Là on est passé d’un extrême à l’autre, on voudrait un juste milieu, rien de plus » Franck
Une pénibilité extrême
Dernièrement, d’autres risques sont apparus dans son activité, et devraient apparaitre dans le Document Unique d’Evaluation des Risques d’après nous. Il s’agit des gaz lacrymogènes, particulièrement irritants voire dangereux si l’exposition est prolongée, ainsi que du maquillage forcé qui, outre l’aspect psychologique de l’action non souhaitée, doit être encadrée pour ce qui est de l’usage des produits. En effet, il est de la responsabilité de l’employeur de veiller à utiliser des produits respectueux de l’Homme et de l’environnement.
Vous l’aurez compris, celui que nous avons suivi lors de son activité, ce n’est pas Franck, mais bien le Gilet Jaune (le vrai, le vêtement) qui depuis le 17 novembre ne se contente plus de rester dans une boite à gant, un vide poche, voire un coffre de voiture. Lui qui ne demande qu’à sauver des vies est mis en danger quotidiennement.
Dans le point suivant, nous traiterons des réponses à apporter afin d’améliorer les conditions de travail des gilets réfléchissants.
Une réponse collective
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Un groupe de travail doit être mis en place, incluant Gilles et John, mais aussi des gilets oranges, bleus, verts, le CSE, ainsi que la médecine du travail et autres organismes institutionnels afin de trouver des réponses à très court terme pour réduire la pénibilité des gilets réfléchissants et éviter que des accidents de travail ou maladies professionnelles ne créent un absentéisme important mettant en péril la profession. Ce groupe de travail doit rester actif une fois ces solutions mises en place afin de pérenniser les actions d’amélioration des conditions de travail et de conserver un effectif de gilets réfléchissants volontaires dans l’activité, productif et respectueux de la qualité.
Vous l’aurez compris, nous n’avons pas de positionnement ou de jugement sur le mouvement des gilets jaunes et avons seulement voulu parler conditions de travail avec un sujet d’actualité et de préférence sur le ton de l’humour.