Le travail répétitif
Selon la DARES, 42% des salariés français déclarent avoir un travail répétitif.
Quand est-ce qu’on considère un travail comme répétitif ? Pourquoi est-ce perçu comme négatif ?
De manière générale le travail répétitif est perçu comme peu attrayant dû à son manque de sollicitation cognitive. En plus de cela, il est désormais reconnu comme un facteur de pénibilité depuis le 9 Novembre 2010. La compréhension du phénomène de répétitivité est donc indispensable pour adapter le travail à l’Homme.
Qu’est-ce que le travail répétitif ?
Pour comprendre ce qu’est le travail répétitif, commençons d’abord par le définir en nous appuyant sur différents textes :
Selon l’article L.4161-1 du code du travail français, « Le travail répétitif est caractérisé par la réalisation de travaux impliquant l’exécution de mouvements répétés sollicitant tout ou une partie des membres supérieurs (MS), à une fréquence élevée et sous cadence contrainte ».
Reprenons :
- Mouvements répétés sollicitant tout ou une partie des membres supérieurs (MS) : soit la plupart des mouvements lorsque l’on travaille.
- À une fréquence élevée : ici rien est précisé, 1 fois par seconde/minute/heure ?
- Sous cadence contrainte : l’action est à réaliser dans un temps imposé (par une machine, par l’action d’un collègue, ou autre). C’est ce que l’on retrouve souvent sur une chaine de production, et qui implique le terme de « cycle de travail ».
Le cycle de travail est par définition, selon la NF EN 1005-5, « une séquence d’actions techniques qui sont toujours répétées de la même façon ». C’est-à-dire qu’il correspond au moment où l’individu commence une tâche et se termine au moment où il recommence cette tâche. Pendant ce cycle de travail l’individu réalise des actions techniques. Ce sont des actions manuelles élémentaires requises pour réaliser des opérations au cours du cycle de travail :
- telle que « tenir »,
- « tourner »,
- « pousser »,
- « couper » etc…
Ce que prévoit la loi
Le code du travail (article L. 4121-1) prévoit une obligation générale de sécurité pour les travailleurs. Les entreprises sont donc dans l’obligation d’évaluer et de prévenir les risques professionnels. Mais, certains risques ne peuvent être évités, ni avoir des mesures de prévention suffisantes. C’est pour cela que le législateur a prévu une compensation. Celle-ci se traduit sous la forme d’un Compte Professionnel de Prévention (C2P) depuis le 1er Octobre 2017. Il répertorie différents facteurs identifiés objectivement par des seuils repris dans le tableau ci-après.
Pour information, le travail répétitif doit être répertorié dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels comme chaque risque présent au sein de l’entreprise.

Les conséquences sur la santé
La fréquence d’exécution des mouvements représente un facteur de risque d’apparition de trouble musculo-squelettique pouvant toucher les muscles, les tendons, les nerfs, les articulations et les os. D’après la norme NF X 35-119 le risque d’atteinte est exponentiel dès lors que la fréquence est supérieure à 40 actions techniques par minute. Les douleurs et la fatigue sont accrues à ce seuil, mais peuvent bien entendu apparaitre avant.
De plus l’accumulation de plusieurs facteurs augmentent les risques de façon considérable. A noter que les risques ne s’additionnent pas, ils se multiplient.
Les outils
Il existe différents outils qui ont pour but de mesurer l’exposition au travail répétitif sur un poste de travail, et de définir un plan d’action en conséquence.
Tout d’abord, la méthode OCRA (Occupation Repetitive Actions) peut être une base de travail. En effet elle est reconnue pour l’évaluation et la gestion des facteurs de risques pertinents pour les membres supérieurs lors de la manipulation de charges faibles (inférieures à 3 kg) et à une fréquence de répétition élevée.
Pour aller plus loin lors des études ergonomiques, notre équipe s’appuie notamment sur la norme NF EN 1005-5 disponible sur la boutique AFNOR .
Elle s’appuie sur le principe suivant :
« Si les conditions suivantes sont satisfaites, aucun phénomène dangereux pour les membres supérieurs (MS) n’est induit par les tâches répétitives :
- Tâche non caractérisée par des cycles de travail ;
- Tâche est caractérisée par cycles de travail, mais les activités perceptives ou cognitives prédominent nettement et les mouvements des MS sont résiduels.»
Concernant le travail répétitif lorsque l’une des deux conditions n’est pas satisfaite ils étudient la situation de travail plus en profondeur pour identifier où est le problème. Dans la mesure où les deux conditions sont satisfaites et qu’aucun autre risque n’est identifié sur le poste de travail, la situation de travail ne sera, a priori, pas considérée comme dangereuse.
Les préconisations pour limiter l’exposition
Pour limiter l’exposition au travail répétitif, des aménagements organisationnels sont nécessaires, notamment sur la durée d’exposition au risque et / ou sur le rythme de travail. Pour cela une action consiste à alterner avec une autre activité. C’est ce que l’on appelle la rotation de poste, menant à la polyvalence des collaborateurs. La rotation entre les différentes tâches a pour but de réduire l’effet des contraintes répétées sur les mêmes articulations. En revanche, cela peut avoir un impact négatif, trois points de vigilance sont importants dans cette notion de polyvalence :
Fréquence : Si un employé change de poste toutes les heures ou tous les mois, le temps de réadaptation aux outils ou à la tâche, ne sera pas le même.
Adaptabilité : Si le poste s’adapte (hauteur du plan de travail, des écrans, éclairage du poste etc.) aux différents utilisateurs mais qu’ils ne peuvent pas prendre le temps de l’adapter car ils n’y resteront que peu de temps, l’adaptabilité devient inutile.
Formation : Il est impératif de former ses collaborateurs à chacune des missions confiées. Même si elles ne sont pas exécutées en continu.
Si vous n’avez pas la possibilité de mettre en place la rotation de poste. Vous pouvez renforcer le travail en équipe (et donc réduire l’ensemble des actions d’un collaborateur pour effectuer cette tâche à plusieurs et par conséquent réduire le temps de cycle. Attention néanmoins à ne pas augmenter davantage la répétitivité qui serait l’opposé de l’effet escompté). Ou même remettre totalement en question les processus afin de réduire la fréquence ou la pénibilité des gestes (à l’aide de matériel par exemple). Pour se faire, pensez toujours à mobiliser les salariés, ce sont eux qui vivent le travail ainsi que ses contraintes et qui ont donc très certainement des idées d’amélioration.
Le travail répétitif est apparu lors de l’industrialisation des processus pour accroître la production. Cependant, cela a aussi accru les problématiques de pénibilité.
En alternant les activités, en étant à l’écoute de ses salariés et en remettant constamment ses processus et son organisation en question, des solutions simples et efficaces peuvent être trouvées sans pour autant affecter le bon fonctionnement d’une structure. Cela fait partie intégrante des missions de l’ergonomie.
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