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16 Fév
La différence entre travail prescrit et travail réel
L’ergonomie est l’étude scientifique de la relation entre l’homme et ses moyens, méthodes et milieux de travail. Son objectif est d’élaborer, avec le concours des diverses disciplines scientifiques qui la composent, un corps de connaissances qui dans une perspective d’application, doit aboutir à une meilleure adaptation à l’homme des moyens technologiques de production, et des milieux de travail et de vie .(SELF,1969).
Autrement dit l’ergonome procède à une analyse méthodique de la situation de travail. Sa démarche se veut :
- Globale: elle prend en compte l’ensemble des éléments qui composent chaque situation de travail.
- Pluridisciplinaire: l’ergonome fait appel à des connaissances diverses issues de la sociologie, physiologie, psychologie, etc.
- Participative: elle intègre les acteurs concernés.
Avant tout, la démarche ergonomique est réaliste. Lorsque l’ergonome analyse une situation de travail, il s’intéresse à l’activité telle qu’elle est réellement exercée, et non comme elle devrait l’être selon sa fiche de poste. C’est la distinction entre le travail prescrit et réel.
Quelle est donc la différence entre le Travail Prescrit et le Travail Réel ?
Le travail prescrit est le travail tel qu’il doit être réalisé et souvent formalisé par une fiche de poste. Vous y retrouverez des informations qui visent à cadrer les fonctions d’un salarié comme les missions, les savoir-être et savoir-faire, les objectifs, et autres indicateurs attendus par l’entreprise pour répondre à son fonctionnement et son l’organisation.
Le travail réel, lui, est plus complexe : il prend en compte toutes les actions effectuées et stratégies déployées par le salarié pour réaliser son activité. Dans la réalité un salarié est contraint de chercher en permanence l’équilibre entre la demande et les contraintes auxquelles il est confronté. Les contraintes peuvent être de plusieurs ordres : matériel, technique, organisationnel etc.
Pour illustrer : mon supérieur me sollicite en formulant sa demande. Il attend un résultat. C’est à moi, selon mes compétences et les outils dont je dispose de trouver le meilleur moyen d’arriver au résultat. Je dois donc adapter les modes opératoires en fonction des objectifs et des moyens afin de trouver un équilibre entre les demandes et leurs caractéristiques. Nous parlons alors de régulation.
Dans une situation différente, à noël par exemple, l’entrepôt n’étant pas chauffé, le collaborateur travaille dans le froid. Ce n’est plus 4 mais 6 camions/jour qui doivent être déchargés, induisant une pression temporelle accrue. Enfin, le transpalette électrique étant en panne, le salarié doit utiliser un transpalette manuel, rallongeant le temps de processus.
Il effectuera la même tâche mais avec des contraintes et une situation de travail différentes. Malgré tout, le résultat attendu est le même.
Le travail prescrit correspondrait à la partie visible d’un iceberg, alors que le travail réel serait sa partie cachée et l’ensemble des activités, choix et contraintes que le salarié doit faire pour réussir sa mission.
Concrètement, lorsqu’une intervention ergonomique est planifiée, l’ergonome effectue une analyse documentaire de l’existant en amont. Il va prendre connaissance des fiches de postes et des activités prévues. Dans un second temps, lors de son intervention il va en revanche observer le travail réel et donc les contraintes auxquelles un salarié doit faire face. La différence entre le travail prescrit et réel mettra en évidence les risques auxquels sont confrontés les salariés.
L’ergonome analyse les écarts entre le prescrit et le réel. Cela lui permet d’identifier de nouvelles marges de manœuvre pour optimiser les processus, ce que l’on appelle le couple Santé / Efficacité.
Les effets de la régulation
Cette régulation peut avoir des effets sur le résultat ou sur l’état interne de la personne. Plus le collaborateur pourra agir sur les objectifs et moyens en repoussant un délai, en sollicitant une tierce personne, etc. Plus le résultat et l’état interne de celui-ci sera positif. En revanche le résultat peut parfois être atteint mais c’est l’état interne du collaborateur qui en pâti. Parfois, les contraintes sont telles que le collaborateur est débordé, il ne peut donc ni atteindre le résultat et ni préserver son état interne.
Les effets sur la personne peuvent être :
- Une charge interne trop importante;
- Une sensation de fatigue;
- Des blessures plus fréquentes.
Les effets sur le résultat peuvent être :
- Un résultat partiellement ou nullement atteint;
- Une baisse de productivité ou de qualité;
- Des incidents ou accidents;
- Une augmentation de l’absentéisme.
Pour conclure, le travail réel est le résultat d’un compromis entre les objectifs assignés et la capacité de l’opérateur à atteindre ces objectifs en fonction de ses propres caractéristiques, du contexte et des moyens mis à sa disposition. Il est important de s’intéresser aux écarts entre le travail prescrit et le travail réel car ils permettent de prévenir et réduire les risques, en tout en permettant d’optimiser les processus de travail de l’optimisation des processus.